Situé à 35 km à l’est de Lomé dans la préfecture des lacs, Agbodrafo fut sur la côte des esclaves le point que les navigateurs blancs et négriers surnommaient Porto Séguro, en Français petit port. Porto Séguro ou l’actuel Agbodrafo a servi de carrefour au commerce des esclaves jusqu’en 1852 malgré l’abolition de la traite Atlantique par l’Angleterre en 1807. Aujourd’hui, c’est un oasis où les gens de la capitale partent pour se récréer les weekends. Au loin, on entend les sons des Tam-Tam qui rythment la vie coutumière et ancestrale de la ville. Que ce soit pour des cérémonies traditionnelles, modernes, funèbres ou de réjouissances les chants et danses sont au cœur des évènements.
Evènement tragique des siècles derniers, Agbodrafo a gardé les stigmates de la traite des esclaves.
Sur la photo de famille, comme à la sortie d’une conférence de guerre, participants au visage sinistré, Porto Séguro ressemble à un pygmée derrière Ouidah, el mina et Gorée. Contrairement aux forts servant aux commerces des esclaves, la maison Wood home et son puits des enchainés symbolisent ce que l’on appelait autrefois Porto Séguro. Et pourtant, elle a été témoin de milliers de trafic d’humain. Wood home littéralement maison de Wood du nom du propriétaire négrier écossais John Henry Wood, c’est un bâtiment de style afro brésilien de 21,8 m de longueur sur 9,95 m de largeur ayant sous tout l’édifice une cave de 1,5 m de hauteur. Tandis que la partie supérieure de Wood home servait de logement aux négriers, la cave constituait l’entrepôt des esclaves où il n’y avait même pas la possibilité de se tenir debout comme dans les forts de Gorée et d’el mina.
Sur le chemin vers les Amériques, un dernier bain attend les esclaves au puits des enchainés. La légende raconte que les négriers obligeaient les esclaves à exécuter 7 tours autour du puits afin de rompre les liens avec les divinités pour éviter des mutineries à bord des navires.
Construite peu après 1837 à l’abri de tout regard indiscret, à l’époque dans une zone de dense végétation, la maison Wood Home se situe dans le quartier Lakomé dans la ville d’Agbografo. La maison Wood a été mise à jour et restaurée en 1999 suite aux études de chercheurs afro américains. Wood Home est classé en 2002 au patrimoine mondial de l’UNESCO et est ouverte au public en 2006. De passage dans la région faites y un tour juste pour un devoir de mémoire.