Face au phénomène de l’exploitation anarchique caractérisée par l’utilisation des engins et pratiques prohibés conduisant aux captures importantes de ressources halieutiques du lac Nangbéto, le gouvernement a initié une approche de développement pour une gestion durable des ressources halieutiques autour du lac Nangbéto : il s’agit du Plan de Gestion des pêcheries du lac de Nangbéto.
Élaboré et adopté le 07 août 2013 dans le cadre de la mise en œuvre de la sous composante 1.3 du Projet d’Appui au Secteur Agricole (PASA) qui vise à améliorer la gestion de la pêche continentale et à développer la pisciculture, le plan de gestion des pêcheries du lac de Nangbéto est la cogestion de la pêche sur le lac avec l’administration de pêche, les communautés de pêche, les forces de l’ordre, la chefferie traditionnelle, les associations, les coopératives de pêche, etc.
Basée sur une approche participative et inclusive avec l’implication de toutes les parties prenantes intervenant dans la gestion ou l’exploitation des ressources du lac, ce plan a permis de réaliser plusieurs activités dont :
- Mise en place des comités de gestion ;
- Réunion d’échanges et de concertation entre les parties prenantes ;
- Organisation des patrouilles de surveillance des activités de pêche ;
- Distribution des nappes de filets de pêche réglementaires aux pêcheurs ;
- Construction des fours améliorés aux transformatrices de poissons ;
- Formation en bonne pratique d’hygiène, de traitement, de conservation et de transformation de poisson ;
- Suivi médical des fumeuses de poissons ;
- Analyses des poissons fumés issus des fours améliorés construits ;
- Distribution des géniteurs de volailles aux ménages de pêcheurs
Sa mise en œuvre a en outre, favorisé :
- Une prise de conscience dans l’exploitation durable des ressources à travers l’abandon par les pêcheurs de plusieurs engins et pratiques prohibés
- La Promotion du maintien de la chaîne de froid
- La restauration des stocks des espèces de poissons du lac dont l’un des indices est l’augmentation de la production halieutique du lac passant de 600 tonnes en 2012 à 3200 tonnes en 2019
- L’Amélioration de la qualité des poissons fumés grâce à la construction individuelle d’un four amélioré Chorkor ou Banda ayant pour avantage de produire des poissons de meilleure qualité et de protéger les femmes contre les malaises pulmonaires liées à la fumée.
Rappelons également que les résultats des analyses des poissons fumés issus de ces fours améliorés du lac Nangbéto ont révélé que la majorité des échantillons prélevés en 2016 ont donné des taux d’Hydrocarbure Aromatique Polycyclique (HAPs) supérieurs à la norme requise (inférieure ou égale à 2 microgramme/kg) ; ceux de 2017 ont donné des taux de HAPs moins élevés. En comparaison avec les résultats des poissons issus des fours traditionnels du lac de Nangbéto, ces taux enregistrés sont largement faibles. Les bonnes pratiques enseignées devraient être appliquées dans toute sa rigueur afin que les poissons issus de ces fours améliorés répondent aux normes requises par rapport aux HAPs.
- La diversification des sources de revenus puisque les pêcheurs au niveau de Nangbéto ont désormais une autre source de revenu en dehors de la pêche. Ce qui leur permet de supporter les effets de la mise en œuvre de la réglementation en vigueur sur le lac en l’occurrence le repos biologique de trois (03) mois couvrant la période du 15 août au 15 novembre. Les moyens d’existence des ménages des pêcheurs sont améliorés : Cas de pêcheurs et commerçantes de poissons qui épargnent de l’argent et cas des commerçants de poissons qui ont acheté des motos et des tricycles et qui ont construits des maisons.
En dépit des résultats satisfaisants enregistrés, plusieurs défis majeurs restent à relever dans les prochains mois, il s’agit essentiellement de :
- L’engagement dans une démarche de cogestion difficile pour certains acteurs ;
- La réticence de certains pêcheurs à obtenir le permis de pêche ;
- La réticence de certains pêcheurs à abandonner les mauvaises pratiques et engins de pêche prohibés ;
- Le non-respect des cahiers de charge des comités de gestion par certains membres.
- Augmentation des productions